Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/424

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de l’éclat. Ce fut celui de la fille aînée de M. de Monaco avec le fils aîné du comte de Roucy. M. de Monaco avoit, comme on l’a vu en son lieu, épousé autrefois une fille de M. le Grand, pour obtenir le rang de prince étranger. Il l’avoit eu ; mais, dès l’instant du mariage, son père et M. le Grand s’étoient fort brouillés, comme on l’a vu aussi en même temps, et peu après le mari et la femme avoient fort mal vécu ensemble. À la fin elle avoit été emmenée à Monaco une première fois, d’où on a vu aussi qu’elle s’étoit tirée par la plus abominable calomnie contre son beau-père. Celui-ci étant mort quelques années après ambassadeur à Rome, son fils, qui prit le nom de prince de Monaco, y remena sa femme, et l’y tint avec lui bien des années. Le ménage n’en fut pas plus concordant ; la vie de Monaco, avec un mari qu’on n’aima jamais, étoit bien différente de la vivacité de la vie et des plaisirs de la cour, et de la maison ouverte et magnifique de M. le Grand. Elle demeura même quelquefois seule pendant quelques courts voyages que M. de Monaco faisoit à Paris et à la cour.

Il n’avoit que des filles ; il n’espéroit plus avoir d’enfants, et son unique frère étoit prêtre. Sa branche finissoit en eux, et le duché-pairie de Valentinois s’y éteignoit. Il chercha donc à faire un mariage pour sa fille aînée, qui plût au roi, dont il se proposa d’obtenir la continuation de sa dignité pour sa fille, et le roi ne s’y rendit pas difficile. Il lui promit une nouvelle érection avec le rang d’ancienneté de cette nouvelle date pour celui qui épouseroit sa fille aînée, et la permission de se démettre de son duché en sa faveur dès le moment du mariage pour que sa fille, qui depuis ce rang de prince étoit assise, ne se trouvât pas debout. Dès que cela fut enfilé de la sorte, M. de Monaco représenta qu’encore qu’il ne pût espérer d’autres enfants, et que son âge et bien plus sa santé ne lui dût pas faire envisager de survivre à sa femme, ce cas néanmoins pouvoit arriver ; qu’alors la grâce extraordinaire que le roi lui accordoit lui deviendroit bien