Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/226

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partit aussitôt après avec Cellamare son neveu, pour retourner en poste en Espagne.

En arrivant à Bayonne, il trouva un ordre qui lui défendoit d’entrer en Espagne, et qui lui enjaignoit d’en attendre de nouveaux à Bayonne. Il en parut fort abattu. Il envoya son neveu à Madrid et il demeura à Bayonne. Nous l’y laisserons parce qu’il y demeura longtemps. Il y eut le dégoût de recevoir défense de voir la nouvelle reine d’Espagne, qui y entra tandis qu’il se morfondoit à Bayonne. On verra en son temps ce qu’il devint et Macañas.

Je ne sais ce qui étoit revenu à la princesse des Ursins sur les dispositions de la princesse de Parme, mais elle entra dans de tels soupçons de son esprit haut et entreprenant, qu’elle se repentit d’avoir fait ce mariage, et qu’elle eut envie de le rompre. Elle fit donc naître je ne sais quelles difficultés, sur lesquelles elle fit dépêcher un courrier à Rome au cardinal Acquaviva qui y faisoit les affaires du roi d’Espagne, avec ordre de différer son voyage à Parme, où il avoit ordre d’aller faire la demande et d’y voir épouser la princesse par le duc de Parme, frère cadet du feu père de la princesse, qui avoit épousé sa mère peu de temps après avoir succédé au duché. Mme des Ursins avoit changé d’avis trop tard. Le courrier ne trouva plus Acquaviva à Rome : ce cardinal étoit en chemin et près d’arriver à Parme, de sorte qu’il n’y eut pas moyen de reculer.

Il fut reçu avec de grands honneurs et une grande magnificence : il fit la demande, mais il différa les épousailles comme il put, et ce retardement fit beaucoup parler. En attendant, la dépense étoit pesante à Parme ; le mariage, qui se devoit célébrer le 25 août, ne le fut que le 16 septembre, par le cardinal Gozzadini, légat a latere pour cette fonction, et pour complimenter la reine d’Espagne au nom du pape. Elle partit incontinent après pour aller s’embarquer à Gènes et aller par mer à Alicante, accompagnée du marquis de Los Balbazès et de la princesse de Piombino, femme de beaucoup