Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/299

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de plus abusif à leur avantage, encore personnel et non de la dignité ou de l’office qui leur est accordé par la patente. Ainsi les érections ne se sont expliquées qu’avec justesse, et les magistrats parlant au nom du roi et sous leur autorité, devenus responsables en leur propre nom aux rois et aux tribunaux de leurs expressions et de leurs qualifications, se seroient bien gardés de s’éloigner de la justesse, de la vérité, de la précision la plus exacte, que les tribunaux ne leur auroient pas passé, et dont les rois leur auroient fait rendre un compte rigoureux, s’agissant surtout de termes et d’expressions si intéressant leur personne et leur couronne, si ces termes et ces expressions n’avoient pas contenu l’ingénuité et la vérité la plus consacrée, la plus existante et la plus scrupuleuse.

Il est fâcheux d’allonger tant une digression ; il le seroit encore plus, sinon de ne pas tout dire, puisque cela est bien éloigné d’être possible ici, mais de ne pas montrer au moins et indiquer, pour ainsi dire, ce qu’il est essentiel de ne laisser pas ignorer.

Tout apanage n’est pas pairie, mais toute pairie est tellement apanage, qu’on voit que pairie et apanage [1] sont comme synonymes dans la lettre citée de Philippe le Bel sur l’évêché de Laon, où cela est et se trouve par deux fois. Or nulle différence d’étendue, ni de puissance de fief entre la pairie de Laon et toutes les pairies d’aujourd’hui, ni de grandeur personnelle de l’évêque de ce siège à des pairs d’aujourd’hui.

Cette vérité d’apanage n’a jamais été contestée. Louis XI, si jaloux de sa couronne et de tout ce qui y appartenoit, déclare nettement en 1464, en l’érection d’Angoulême : Que de toute ancienneté les pairs tiennent leurs pairies en apanages ; et pour couper court là-dessus d’une manière invincible, il ne faut que jeter les yeux sur l’érection d’Uzès.

  1. Voy., note précédente.