Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/303

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inféodées sous cette condition qui ne soient point pairies ni apanages, ce sont choses entièrement étrangères à ce que l’on traite ici, et qui n’y portent pas la moindre influence. On ne s’est proposé que de montrer que les pairies d’aujourd’hui, non quant à l’étendue de fief et à sa puissance, que les pairs d’aujourd’hui, non quant à la grandeur de l’extraction et des possessions, mais quant à la dignité de pair et à l’essence de la pairie et à tout ce qui y appartient, sont égaux, pareils et compairs en tout et partout, sans différence, exception ni dissemblance aucune, aux pairs de tous les temps, et leurs pairies aux leurs ; que ces pairies nouvellement érigées le sont sur le modèle de toutes les précédentes ; qu’elles sont par nature apanage, et réversibles à la couronne, dont l’essence, au dire de nos rois sur celle d’Uzès, est assez majestueuse pour être convenable à devenir apanage des fils de France, convenable, dis-je, à leur grandeur et dignité ; qu’exception de loi la confirme ; que Laon pour les temps les plus reculés, Uzès pour les nôtres, n’ont rien d’extérieur, même d’étranger à la pairie et aux pairs d’aujourd’hui, et que conformes en tout, quant à la dignité de pair, à ceux de tous les temps, tous ceux d’aujourd’hui ont avec eux et ceux de tous les âges une pareille, semblable et entière conformité.

Or qu’est-ce qu’un apanage ? Le voici en deux mots. Dans les plus anciens temps, le royaume de France se partageoit en autant d’États souverains et indépendants que nos rois laissoient de fils, souvent même de leur vivant. Le désordre et l’affaiblissement qui résulta de ces partages en corrigèrent, et le fils aîné du roi succéda à la totalité du royaume. Alors nos rois se trouvèrent à l’égard de leurs puînés dans la même nécessité que les particuliers de pourvoir à leur subsistance, et des enfants qui naîtroient d’eux. Nul patrimoine sur quoi la prendre, puisque celui des rois est réuni à la couronne s’ils en ont lorsqu’ils y viennent, et s’il leur arrive des héritages depuis qu’ils y sont parvenus, ces héritages