Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/308

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l’office de pair de France, et les preuves n’en sont pas difficiles. Leur office de plus n’est qu’à vie, et de fief comme office de la couronne ils n’en ont point, quoiqu’on trouve des foi et hommage quelquefois rendus à nos rois pour ces offices, mais sans nulle mention de fief.

Ainsi les pairs ont le plus grand fief et le plus grand office qu’un roi de France puisse donner, et dont un vassal, même fils de France, encore plus un sujet, puisse être revêtu. Un duc vérifié a le fief sans l’office, ce qui met une grande distinction du pair à lui, et de lui à l’officier de la couronne qui n’a qu’un office et à vie, et sans fief, mais office très inférieur en tout à celui de pair de France, tellement même que les ducs non vérifiés qui n’ont ni fief ni office, rien de réel dans l’État, qui n’ont que des honneurs extérieurs et l’image des autres ducs dont ils ne sont qu’une vaine et fictive écorce, ne cèdent point à raison de cette image sans réalité qui est en eux, ne cèdent point, dis-je, aux officiers de la couronne, qui n’ont pas comme eux cet extérieur de ressemblance aux autres ducs, quoique vaine. Aussi ne veulent-ils point céder à ces ducs non vérifiés à raison de leurs offices et de ce qu’ils sont réellement dans l’État, tellement que la compétence est entre eux continuelle, et qu’aux cérémonies de cour, car ces ducs non vérifiés n’ont point de places aux autres, ils marchent mêlés ensemble, comme le roi le prescrit, ce qui toujours, en tous les temps, a été réglé de même.

Après avoir montré aussi brièvement qu’il a été possible quelle est la dignité de duc et pair dans tous les âges de la monarchie jusqu’à ceux qui en sont revêtus aujourd’hui, il faut essayer de faire voir aussi ce que c’est que le parlement de Paris et les autres formés sur son modèle, et tâcher de le faire avec la même évidence et la même brièveté, et c’est l’autre partie de la digression indispensable pour faire entendre ce qu’il s’agira ensuite de rapporter.