Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/310

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de M. le duc d’Orléans au parlement se traitera en son temps. — Duc de Guise qui fait tout pour envahir la couronne, est le premier seigneur qui se fait marguillier, et pour plaire au parlement, laisse ajouter à son serment de pair le terme de conseiller de cour souveraine. — Dessein du parlement dès lors à l’égard des pairs. — Le terme de conseiller de cour souveraine ôté enfin pour toujours du serment des pairs. — Nécessité d’exposer un ennuyeux détail. — Ordre et formes de l’entrée et de la sortie de séance aux bas sièges. — Présidents usurpent nettement la préséance sur les princes du sang et les pairs à la sortie de la séance des bas sièges. — Ordre et formes d’entrer et de sortir de la séance des hauts sièges. — Séance, aux lits de justice, des pairs en haut qui opinent assis et couverts, et les officiers de la couronne aussi ; des présidents et autres magistrats en bas, qui opinent découverts et à genoux, et du chancelier en bas, qui ne parle au roi qu’à genoux, parce qu’il est légiste, mais opine et prononce assis et couvert, parce qu’il est officier de la couronne. — Présidents usurpent d’opiner entre la reine régente et le roi ; sont remis à opiner après le dernier officier de la couronne en 1664 ; ce qui a toujours subsisté depuis. — Changement par entreprise et surprise de la réception des pairs, des hauts sièges où elle se faisoit, aux bas sièges où elle est demeurée depuis 1643. — Contraste de l’état originel des légistes dans les parlements avec leurs usurpations postérieures. — Efforts et dépit des présidents en 1664 et depuis. — Novion, premier président, ôté de la place pour ses friponneries, jaloux de l’élévation des Gesvres.


Pour prendre une idée juste de l’essence et de la nature de cette compagnie, il faut se souvenir de ce qui a été dit des légistes, de la façon de rendre les jugements, et des trois corps qui forment la nation ; que chacun étoit jugé par ses égaux ; que les grands vassaux jugeoient les leurs, chacun dans son fief avec les principaux feudataires qui en relevoient ; et que les grands et immédiats feudataires de la couronne, connus dès la fondation de la monarchie et sous divers noms, enfin pairs de France, jugeoient les grandes causes et les affaires majeures avec le roi, et avec lui exerçoient le pouvoir législatif et constitutif pour les grandes sanctions de l’État ; ce que c’étoit que les hauts barons et les grands prélats, et qu’ils y étoient quelquefois, puis toujours appelés mais personnellement tantôt les uns, tantôt les