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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/317

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Voilà donc les magistrats présidents en titre, et qui exercent la présidence en présence même du Dauphin, du régent quand il y en a, et qui ne la cèdent qu’au chancelier de France, ou au garde des sceaux, quand il y en a un, et que le chancelier ne s’y trouve pas. Ce progrès suivit de fort près l’expulsion des prélats et des nobles.

L’ancienne forme d’être jugé chacun par ses pairs de fief, etc., étant ainsi changée par l’établissement successif des parlements convoqués par le roi en divers temps de l’année, puis peu à peu devenus tels par degrés, de la manière qui vient d’être expliquée, les édits, ordonnances et déclarations des rois ne purent plus être promulgués par les grands feudataires, qui ne tenoient plus de cour de fief. Il falloit toutefois qu’elles fussent connues pour être observées. Elles ne le pouvoient donc plus être que par le moyen des assemblées de ces parlements en différents temps de l’année, convoqués par les rois ; et par leur changement en parlement fixe, sédentaire, continuel, par ce tribunal ; et dans la suite par les autres parlements, chacun pour leur ressort, qui furent érigés à l’instar de celui de Paris dans les différentes provinces, pour le soulagement des plaideurs et l’expédition des procès.

De là vint l’usage de juger les causes majeures et de promulguer les grandes sanctions au parlement de Paris, d’abord unique, puis devenu le premier, séant dans la capitale, et le plus à portée des rois et des grands du royaume. Les légistes qui le composoient, devenus juges et magistrats, et, comme on l’a vu, juges même en présence des pairs et du roi même, le demeurèrent dans ces grandes occasions ; et de là ce parlement, privativement aux autres du royaume, prit peu à peu le nom et le titre de cour des pairs.

Il est vrai qu’ils n’ont jamais prétendu être compétents des causes majeures, ni de connoître des grandes sanctions seuls et sans l’intervention des pairs, en qui seuls par nature en réside le droit, mais par concomitance avec eux, et