Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/368

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villes, d’où sont venus les échevins et autres sous divers noms. De ceux-là il y en eut qui s’appliquèrent à l’étude des lois, des coutumes, des ordonnances qui multiplièrent avec le partage des fiefs, leurs hypothèques, etc., et les procès qui en naquirent, et ceux-là devinrent le conseil des particuliers, dans leurs affaires domestiques ; ils furent connus sous le nom de légistes, qui gagnèrent leur vie à ce métier, comme ils font encore aujourd’hui, qui étoient parties de ce peuple serf mais affranchi, et qui, au lieu du labourage et des métiers, choisirent celui de l’étude des procès. Tel est le premier état des légistes.

Ces légistes furent placés par saint Louis sur le marchepied des nobles et des ecclésiastiques, qui [étoient] nommément choisis par les rois pour rendre la justice entre particuliers, dans les différentes tenues d’assemblées pour cela, qui de parler ensemble s’appelèrent parlements, quoique totalement différentes des assemblées majeures aussi appelées parlements, qui avoient succédé aux champs de mars, puis de mai, où le roi jugeoit les causes majeures de pairs et des grands vassaux, et faisoit avec eux les grandes sanctions du royaume. Saint Louis, scrupuleux sur l’équité, crut devoir soulager celle de ces nobles et de ces ecclésiastiques, juges tantôt les uns tantôt les autres dans ces parlements de la Pentecôte, de la Toussaint, etc., qui duroient peu de jours, en les mettant à portée de s’éclaircir tout bas de leurs doutes dans les jugements qu’ils avoient à rendre sur-le-champ, en consultant tout bas ces légistes assis à leurs pieds qui ne leur disoient leur avis qu’à l’oreille, et lors seulement qu’il leur étoit demandé, avis d’ailleurs qui n’obligeoit en rien celui qui avoit consulté de le suivre, s’il ne lui sembloit bon de le faire. Tel est le second état des légistes, qui dura fort longtemps.

La multiplication des affaires et de leurs formes, dont est née la chicane, lèpre devenue si ruineuse et si universelle, multiplia et allongea les tenues des parlements, en dégoûta