Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
propos délibéré. –Il fait longtemps le malade. — Premier président visité des ducs de Noailles et d’Antin, leur propose, en équivalent du bonnet, de suivre les présidents entrant et sortant de séance. — Divers points singulièrement discutés, sans que les deux ducs eussent compté de parler de quoi que ce fût au premier président, lesquels rejettent cette suite et tout équivalent du bonnet. — Inquiétude des présidents. –Personnage de Maisons ; son extraction. — Ruse de Novion qui dévoue Maisons aux présidents. — Dîner engagé chez d’Antin, à Paris, avec le premier président ; convives. — Le roi y envoie les seigneurs de son service ; s’en passe pour la première fois de sa vie ; est servi par Souvré, maître de la garde-robe, et cela se répète trois fois ; les deux dernières sans repas, simples conférences. — Tout sans succès. Premier président manque malhonnêtement au dîner. — Maisons s’y trouve, sa conduite ; se relie plus que jamais au duc et à la duchesse du Maine, dont il étoit mécontent.


Il y avoit grand nombre d’années que MM. du parlement jouissoient paisiblement de leurs usurpations et de leurs entreprises sur les pairs, dont la faiblesse et l’incurie les laissoit en pleine tranquillité, sans que rien les eût réveillés à cet égard. Lorsque je fis mon compliment à M. du Maine sur son nouvel être de prince du sang, comme on l’a vu en son lieu, il me dit un mot du bonnet dans les protestations qu’il me fit sur les ducs, et personnelles. Je pris cela pour un enthousiasme d’un homme comblé au delà de toutes mesures, qui cherchoit à rabattre l’indignation des plus intéressés, et qui veut ramener à lui par des offres vagues et fausses. Je glissai donc fort légèrement, et j’étouffai une réponse vague dans l’entassement des compliments, en quoi je fus favorisé de l’heure, qui étoit pendant le souper du roi, comme on l’a vu. J’ai différé exprès à mettre ici cette circonstance pour la rapprocher de l’affaire du bonnet. Je ne sais si, comme je le crus alors, ce propos me fut jeté dans l’esprit que je viens de marquer, ou si dès lors il avoit conçu la noirceur profonde qu’on va expliquer, lorsqu’il seroit parvenu à se faire prince du sang, et que, suivant cette idée, il m’en voulût jeter quelque propos dès qu’il le