Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/400

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ducs, qui ne l’ignoroient pas, par ce qui en avoit été jeté en d’autres occasions, ne mollirent pas sur cet article. Le premier président allégua l’exemple du grand Condé, dont j’ai parlé en son lieu. À cela les deux ducs répondirent que, inséparables des princes du sang, ils les suivroient en quelque rang qu’ils voulussent bien s’abaisser ; qu’ainsi c’étoit non à eux, mais à ces princes, qu’il devoit s’adresser là dessus. Le premier président, se sentant si adroitement rétorquer la force qu’il comptoit tirer de son argument, répondit, un peu ému, qu’il ne croyoit pas que ces princes se souciassent d’en faire difficulté, à moins que les pairs ne la leur insinuassent ; mais qu’indépendamment de cela, l’exemple de M. Le Tellier, archevêque-duc de Reims, et de M. de Gordes, évêque-duc de Langres, leur témaignoit que cette suite des présidents n’étoit pas nouvelle. MM. de Noailles et d’Antin rappelèrent au premier président ce qui se trouve ici plus haut sur cette bévue de ces deux prélats ; et lui déclarèrent nettement que jamais les pairs ne renouvelleroient un abus, unique en ces prélats, si court encore et fini sans plaintes, après avoir eu sa source dans l’usage aboli aussitôt qu’introduit par les princes du sang.

Ce fut par où finit cette longue visite. Elle se termina par les civilités et les protestations qui l’avoient commencée. Le premier président leur dit qu’il verroit incessamment MM. du parlement sur cette affaire, et le roi ensuite dès que sa santé le lui permettroit, qu’il trouvoit se rétablissant tous les jours. En effet, il ne tarda guère après à sortir et à rendre à la marquise de Créqui, à Mme de Beringhen et à Mme de Vassé ses assiduités accoutumées. Les deux premières étoient sœurs du duc d’Aumont, et la dernière, fille de Mme de Beringhen et logeant avec elle.

Les présidents étoient cependant fort en peine, parce qu’ils n’étoient pas dans la confidence du duc du Maine, ni dans celle du premier président. J’ai assez parlé ailleurs de Novion et de Maisons pour les faire connoître. Ce dernier