Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/458

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de Nevers. Il le cajola si bien, que M. de Nevers lui promit de faire ces vers, et il y réussit au delà des espérances de M. le Prince. Il prépara donc la fête, dans le double plaisir de plaire à sa dame et de se moquer du mari. Celui-ci tout jaloux, tout Italien, tout plein d’esprit qu’il fût, n’avoit pas conçu le plus léger soupçon de cette fête, quoiqu’il n’ignorât pas l’amour de M. le Prince. Quatre ou cinq jours avant celui de la fête, il découvrit de quoi il s’agissoit, il n’en dit mot, et partit le lendemain pour Rome avec sa femme, où il demeura longtemps, et à son tour se moqua bien de M. le Prince. Mme de Nevers à plus de soixante ans étoit encore parfaitement belle, lorsqu’elle mourut d’une maladie fort courte. Depuis qu’elle étoit veuve, elle étoit devenue fort avare, et ne quittoit plus la duchesse du Maine.