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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/5

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Christ avoient respectés comme les oracles du Saint-Esprit même, sans en excepter aucun hérétique, qui se sont au moins contentés de détourner les passages de l’Écriture à des sens étrangers et forcés, mais qui n’ont jamais osé aller jusqu`à les rejeter ni à les condamner. C’est ce que cette constitution eut au-dessus d’eux ; et ce qu’elle y eut de commun fut le mépris et la condamnation expresse de saint Augustin et des autres Pères, dont la doctrine a toujours été adoptée par les papes, par les conciles généraux, par toute l’Église comme la sienne propre.

L’inconvénient étoit un peu fort, mais tout à fait indispensable pour le but auquel on tendoit. Les deux auteurs de la pièce le sentirent. Ils n’espérèrent pas de la faire passer aux cardinaux, qu’une nouveauté si étonnante révolteroit, ni en particulier au cardinal de La Trémoille sur les maximes ultramontaines absolument nécessaires pour gagner Rome par un intérêt si cher. Aubenton avoit fourni l’adresse ; ce fut à Fabroni à se charger de l’impudence. Ils enfermèrent des imprimeurs, tirèrent ce qu’ils voulurent d’exemplaires, gardèrent les planches et les imprimeurs tant que le secret leur fut important, puis ils allèrent trouver le pape, auquel ils en firent une rapide lecture.

Elle ne put l’être assez pour que Clément ne fût pas frappé de la condamnation des textes formels de saint Paul, de saint Augustin, des autres Pères. Il se récria. Fabroni insista pour achever la lecture qu’Aubenton en faisoit modestement. Le pape voulut garder la pièce pour la relire à son aise, et y faire ses corrections. Fabroni le traita comme autrefois ; il étourdit le pape et le malmena. Clément crut au moins s’en tirer de biais, en représentant à Fabroni le danger d’exposer à l’examen des cardinaux une censure expresse des termes formels de saint Paul, dont il n’y avoit point d’exemple dans l’Église, et même de saint Augustin, dans une matière où elle avoit adopté sa doctrine pour sienne. Mais cela n’arrêta point Fabroni, qui lui répondit qu’il seroit plaisant de donner