Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/55

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de La Frette, si connus par leur célèbre duel ; deux autres mariées et trois abbesses.

Les trois fils furent Fr. Alexandre dit d’Albret, comte de Marennes, mort, en 1648, premier mari d’Anne Poussart, depuis remariée au duc de Richelieu, et dame d’honneur de la reine, etc. Il mourut de bonne heure, ne figura point, et laissa un fils qui porta hardiment le nom de marquis d’Albret et les armes pleines sans nulle brisure, moins encore de marques de bâtardise, comme avoient fait ses pères depuis l’extinction de la maison d’Albret. Mme de Richelieu, sa mère, le maria fort jeune à la fille unique du maréchal d’Albret, son beau-frère et oncle paternel de son fils. Elle étoit franche héritière, c’est-à-dire riche, laide et maussade. Le marquis d’Albret, jeune, galant, bien fait, étourdi, et qui se croyoit du sang des rois de Navarre, n’en fit pas grand cas, et se fit tuer malheureusement pour une galanterie, à la première fleur de son âge. Sa veuve demeura sans enfants avec sa belle-mère, qui la fit faire dame du palais de la reine, aux premières que le roi lui donna. Le comte de Marsan, jeune, avide et gueux, qui avoit accoutumé de vivre d’industrie, et qui avoit ruiné la maréchale d’Aumont, fit si bien sa cour à la marquise d’Albret, qui n’avoit pas accoutumé d’être courtisée, qu’elle l’épousa en lui donnant tout son bien par le contrat de mariage, sans que la duchesse de Richelieu en sût rien que lorsqu’il fallut s’épouser. Elle en fut la dupe. M. de Marsan la laissa dans un coin de sa maison, avec le dernier mépris et dans la dernière indigence, tandis qu’il se réjouissoit de son bien. Elle mourut dans ce malheur sans enfants.

Le maréchal d’Albret fut le second des trois frères ; il porta le nom de Miossens. C’étoit un homme d’esprit, de main, de tête et plus encore d’intrigue et d’industrie, qui se dévoua au cardinal Mazarin, mais qui sut s’en faire compter, et monter rapidement à la tête des gens d’armes de la garde, que le comte de Coligny commandoit, mais qui paraissoit