Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/110

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M. le duc d’Orléans que je trouvai enfermé, et tout son appartement plein à n’y pas pouvoir faire tomber une épingle par terre. Je le pris à part dans son cabinet pour faire un dernier effort sur la convocation des états généraux, qui fut entièrement inutile, et pour le faire souvenir de la parole qu’il m’avoit donnée, et à dix ou douze pairs avec moi, de trouver bon que nous demeurassions couverts lorsque nos voix seroient demandées, et pour les autres indécences des séances du parlement, dont il convint avec moi. Je le fis souvenir aussi de ce que je lui avois proposé sur ce qui regardoit la totalité de la pompe funèbre, et qu’il avoit agréé : c’étoit d’épargner la dépense, la longueur et les disputes que feroit naître une si longue cérémonie, et d’en user, quoique le roi n’eût rien ordonné là-dessus, comme il avoit été pratiqué pour Louis XIII, qui avoit tout défendu et réduit au plus simple. M. le duc d’Orléans s’y conforma en effet, et il ne se trouva personne qui se souciât assez du feu roi pour relever un retranchement si entier, et qu’il n’avoit point ordonné.

Je montai de là chez le duc de La Trémoille, où nous devions nous assembler aussitôt après la mort du roi, et où presque tous les ducs qui étoient à Versailles étoient déjà en très grand nombre. M. de La Trémoille étoit l’ancien de tous ceux qui avoient un appartement au château. M. de Reims, le premier des dix ou douze ensemble qui avoient vu M. le duc d’Orléans sur le bonnet, rendit compte de la liberté qu’il nous avoit accordée, et moi après, du renouvellement que j’en venois de prendre tout à l’instant. L’union et les résolutions furent bien confirmées, et la totale séparation du premier président sur le pied sans mesure où nous étions avec lui ; après quoi on se sépara.

Je revis bientôt après M. le duc d’Orléans qui se trouva un peu moins accablé, pendant l’heure du dîner, de tout le monde, qui m’avoua qu’il n’avoit fait aucune liste, ni aucun choix par delà ceux dont j’ai parlé, ni pris son parti