Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/181

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expliquer. Le régent se mit à rire, et à dire qu’on n’avoit jamais opiné de la sorte ; je répondis, en riant aussi, que s’il ne vouloit pas prendre mon avis ainsi, il eût la bonté de compter pour deux celui de M. le comte de Toulouse, et la chose passa ainsi. On sut bientôt quel il étoit, car il n’y avoit jamais que le chancelier à opiner entre lui et moi.

Je pris cette occasion le lendemain pour remontrer à M. le duc d’Orléans le préjudice essentiel qui arrivoit aux affaires de l’opiniâtreté des maîtres de requêtes, et de sa mollesse à la souffrir. Je n’y gagnai rien.

Je crois que le chancelier soutenoit sourdement cette prétention par malice, et ce qui m’en persuada mieux, c’est que dès qu’il fut mort, et que d’Aguesseau fut chancelier, tout idolâtre qu’il fût de la robe, il la fit cesser, et les maîtres des requêtes vinrent rapporter debout tout ce qu’on voulut au conseil de régence, sans plus parler d’y être assis ni d’y faire lever personne. Mais à l’égard des conseillers d’État, lorsque pour un procès évoqué devant le roi, c’est-à-dire au conseil de régence, le bureau du conseil des parties, qui avoit vu l’affaire, venoit au conseil de régence avec le rapporteur. Ces conseillers d’État s’y mettoient après les maréchaux de France, et au-dessus des autres de la régence, le rapporteur maître des requêtes rapportant debout.




CHAPITRE IX.


Éclat des princes du sang sur la qualité de prince du sang prise par le duc du Maine avec eux. — Protestation de MM. de Courtenay pour la conservation de leur état et droits, présentée au régent. — Malheur et extinction de cette branche de la maison royale. —