Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/183

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partout, tant à lui et à ses enfants qu’au comte de Toulouse. Mme la Duchesse et M. le Duc, qui n’avoient osé souffler sous le feu roi, firent grand bruit et prétendirent que, quelque protection que le duc du Maine prétendît tirer de cette déclaration, elle ne lui donnoit pas droit de se qualifier prince du sang avec les princes du sang véritables, ni dans les significations juridiques dans un procès avec eux. Ils attirèrent Mme la princesse de Conti et M. son fils dans cet intérêt commun de princes du sang, quoique unis avec M. et Mme du Maine par communauté d’intérêt dans le procès contre M. le Duc pour la succession de M. le Prince. L’éclat fut grand, le régent chercha à l’apaiser. On en verra ailleurs les suites.

Le prince de Courtenay, l’abbé son frère, et le fils unique du premier auxquels cette branche se trouvoit réduite, présentèrent au régent une parfaitement belle protestation, forte, prouvée, mais respectueuse et bien écrite, pour la conservation de leur état et droits, comme ils ont toujours fait aux occasions qui s’en sont présentées, et à chaque renouvellement de règne. Elle fut reçue poliment et n’eut pas plus de succès que toutes les précédentes. L’injustice constante faite à cette branche de la maison royale légitimement issue du roi Louis le Gros est une chose qui a dû surprendre tous les temps qu’elle a duré, et montrer en même temps la funeste merveille de cette maison, qui dans un si long espace n’a pu produire un seul sujet dont le mérite ait forcé la fortune, d’autant plus que nos rois ni personne n’a jamais douté de la vérité de sa royale et légitime extraction, et le feu roi lui-même. J’en ai parlé t. Ier, p. 113, 114, et t. IX, p. 23.

Ce prince de Courtenay-ci étoit un homme dont la figure corporelle marquoit bien ce qu’il était. Le cardinal Mazarin eut envie de voir s’il en pourroit faire quelque chose, et s’il le trouvoit un sujet de le faire reconnoître pour ce qu’il étoit, en lui donnant une de ses nièces. Pour l’éprouver à loisir par soi-même, il le mena dans son carrosse de Paris à