Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la chambre des comptes. On tâcha de vaincre l’opiniâtreté du prince Charles, et par raison et par exemples ; on ne put le persuader. À la fin, M. le Duc, qui étoit premier ministre, déclara au prince Charles que, s’il persistoit au refus, lui, M. le Duc, comme grand maître de la maison du roi, signeroit les dépenses de la petite écurie, et les enverroit ainsi à la chambre des comptes. Le prince Charles lui répondit qu’il feroit tout ce qui lui plairoit, mais qu’il ne les signeroit pas sans les examiner. M. le Duc les signa donc comme grand maître de France ; et de cette manière le grand écuyer perdit le droit de les signer, ou plutôt l’usage, qui étoit un des plus beaux restes de son ancienne supériorité sur la petite écurie et sur le premier écuyer du roi.




CHAPITRE XI.


Mariage de Sandricourt qui me brouille pour toujours avec lui. — Obsèques du roi à Saint-Denis. — Caractère de Dreux. — Le régent veut la confusion et la division. — Je veux me retirer de tout à la mort du roi, et je me laisse raccrocher malgré moi par M. le duc d’Orléans. — Conduite de ce prince à l’égard des ducs. — Courte comparaison des assemblées de la noblesse en 1649 et en 1715. — Ressorts et fanatisme de celle-ci. — Le régent trompé sur cette prétendue noblesse. — Étrange personnage du duc de Noailles. — Le régent trompé sur le parlement. — Menées du duc de Noailles pour diviser les ducs, et faire tomber leurs poursuites contre les usurpations du parlement à leur égard ; à quoi enfin il réussit.


On a pu voir quelque part, au commencement de ces Mémoires, que j’avois pris le même soin du marquis de Sandricourt que s’il eût été mon fils. Nous sommes de même maison, quoique de branche séparée depuis plus de trois