Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/283

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le marché, et ne se soucia guère que je l’eusse préféré à moi, étant à mon choix de prendre la charge, ni de l’éclat qu’elle m’avoit valu avec le comte de Roucy. Cet honnête beau-frère se retrouvera ailleurs. Pendant tous ces négoces, la famille du maréchal d’Harcourt se ravisa ; il demanda sa charge pour son fils, et il l’obtint. Ainsi il mangea l’huître dont le Roucy et M. de Lorges n’eurent que les écailles, que je trouvai toutes deux fort dures. Il est temps maintenant de parler des affaires étrangères.




CHAPITRE XIII.


Mouvements d’Écosse. — Caractère de Stairs et ses menées. — Rémond ; quel. — Mouvements d’Angleterre. — Conduite de l’Espagne. — Manèges d’Albéroni pour gouverner seul. — Projets politiques d’Albéroni. — Cause de la dépendance des Provinces-Unies de l’Angleterre. — Albéroni éloigné de la France, encore plus du régent, méprise les bassesses du duc de Noailles. — Il chasse avec éclat le gouverneur du conseil de Castille. — Sa correspondance avec Effiat. — Négociation de Stairs pour la mutuelle garantie des successions de France et d’Angleterre. — Le régent y veut engager la Hollande. — Stairs presse le régent de faire arrêter le Prétendant, passant de Bar, caché, en Bretagne pour s’embarquer. — Le Prétendant échappe aux assassins de Stairs par le courage et l’adresse de la maîtresse de la poste de Nonancourt, qui en est mal récompensée. — Il s’embarque en Bretagne. — Impudence de Stairs et de ses assassins.


Le feu roi étoit revenu à son goût naturel et à ses anciens principes sur l’Angleterre, depuis la mort de la reine Anne, et l’éloignement de tous emplois, et la disgrâce de toutes les personnes qui avoient sa confiance et qui formoient son conseil. Le roi son successeur avoit remis en place tous ceux