Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/30

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de l’assemblée du clergé de 1682 [1], l’irritèrent bien davantage. Cette main basse sur les huguenots ne put tirer de lui la moindre approbation. Il s’en tint toujours à l’attribuer à politique pour détruire un parti qui avoit tant et si longtemps agité la France, et l’affaire des franchises étant survenue après, les deux cours se portèrent à de grandes extrémités. Par l’événement, et sur le point d’honneur des franchises, et sur le point si capital des propositions de 1682, on ne s’aperçut que trop que M. de Lyonne n’étoit plus, et que nous étions bien éloignés du temps de la fameuse affaire des Corses et du traité de Pise.

Le magnifique établissement de Saint-Cyr suivit de près la révocation de l’édit de Nantes. Mme de Montespan avoit bâti à Paris une belle maison de Filles de Saint-Joseph qu’elle avoit fondée pour l’instruction des jeunes filles, et leur apprendre toutes sortes d’ouvrages, dont il en est sorti de parfaitement beaux en toutes sortes d’ornements d’église, et d’autres meubles superbes pour le roi, et pour qui en a voulu faire faire ; et c’est dans cette maison que Mme de Montespan se retira lorsqu’elle fut obligée de quitter tout à fait la cour. L’émulation porta Mme de Maintenon à des vues plus hautes et plus vastes, qui, en gratifiant la pauvre noblesse, l’en pût faire renarder comme une protectrice en qui toute la nobles se devoit s’intéresser. Elle espéra s’aplanir un chemin à faire déclarer son mariage, en s’illustrant par un monument dont elle pût entretenir et amuser le roi, qui l’amusât elle-même, et qui pût lui servir de

  1. Les quatre propositions de l’assemblée de 1682 contiennent en substance les articles suivants : 1° Les rois ne sont point soumis pour le temporel à la puissance ecclésiastique : ils ne peuvent être déposés par les papes ni leurs sujets déliés du serment de fidélité ; 2° les décrets du concile de Constance sur l’autorité des conciles généraux doivent être admis dans leur plénitude ; 3° l’exercice de la puissance ecclésiastique doit être réglé d’après les canons ; les lois et coutumes de l’Église gallicane doivent être observées ; 4° le jugement du pape, même en matière de foi, n’est infaillible que lorsqu’il est approuvé par le consentement de toute l’Église. Ces propositions célèbres furent défendues par Bossuet.