Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/315

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L’électeur de Trèves, frère du duc de Lorraine, mourut à Vienne, en même temps, de la petite vérole. Celui-là fut fort regretté pour sa personne et pour ses établissements. Son élection avoit coûté fort cher au duc de Lorraine. Il étoit aussi évêque d’Osnabrück, et avoit d’autres bénéfices. Un autre frère, abbé de Stavelo, et grand prieur de Castille, étoit mort de la même maladie l’année précédente.

Le fils aîné du maréchal d’Harcourt, nouveau survivancier de sa charge, épousa la fille aînée du duc de Villeroy. Le maréchal de Villeroy fit une noce fort magnifique

M. le duc d’Orléans, facile, comme je l’ai déjà remarqué, sur les duels, permit à Caylus de venir purger le sien, dont j’ai parlé en son lieu, avec le fils aîné du comte d’Auvergne, mort il y avoit longtemps. Il vint d’Espagne exprès, où il avoit toujours depuis servi avec distinction, et il y étoit lieutenant général. Trois ou quatre jours de conciergerie terminèrent son affaire, et trois ou quatre autres ses visites à ce qui lui restoit de connoissances, après quoi il s’en retourna prendre le commandement de l’Estrémadure, vacant par la mort du marquis de Bay, que le roi d’Espagne lui avoit donné. Il y a fait depuis la plus complète fortune. J’aurai lieu de parler de lui ailleurs. Il étoit frère de l’évêque d’Auxerre, et beau-frère de Mme de Caylus, nièce favorite de Mme de Maintenon, de laquelle il a été ici fait mention plus d’une fois.

La faiblesse de M. le duc d’Orléans, qui gâta tout en lui toute sa vie, se montra en ce temps-ci par un trait le plus marqué, et qui lui fit un tort extrême par l’opinion qu’on en conçut, et qui, à son égard, régla, ou pour mieux dire, dérégla la conduite de beaucoup de gens. On a vu, à mesure que les occasions s’en sont présentées, que personne n’avoit offensé ce prince si souvent, ni si gratuitement, que La Feuillade, ni si cruellement. On a vu quelle fut sa conduite à Turin, ses propos publics à la mort de M. [le Dauphin] et de Mme la Dauphine ; que c’est le seul homme contre lequel,