Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/332

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finances. Le duc de Noailles, qui y faisoit tout, fut le second, mais le véritable président de ce conseil de commerce, où le maréchal d’Estrées eut liberté d’entrer quand il le voudroit comme président du conseil de marine. Quatre conseillers d’État y furent mis : MM. d’Aguesseau ; Amelot, qui, pour avoir longtemps gouverné la marine, les finances et le commerce d’Espagne, en savoit plus que tous ; Nointel et Rouillé du Coudray, qui avec M. de Noailles étoit le maître des finances et de tout ce qui y avoit rapport. On y fit entrer aussi un cinquième conseiller d’État qui fut M. d’Argenson, mais comme lieutenant de police, et trois maîtres des requêtes. La nomination des inspecteurs du commerce dans les places de commerce fut attribuée à ce conseil, dont les patentes furent données au nom du maréchal de Villeroy, excepté celui de Marseille, dont la dépendance fut réservée au conseil de marine. Valossière, produit par le duc de Noailles, fut secrétaire du conseil de commerce. Cet établissement étoit fort bon, et auroit été fort utile, si les intérêts particuliers, qui gâtent toujours tout en France, n’en eussent point traversé l’administration.

M. le Duc pressa tant le régent de lui permettre d’entrer au conseil de guerre qu’il l’obtint, à condition de n’y présider point, quoique à la première place, et de ne s’y mêler de rien. La même faiblesse qui lui fit accorder cette entrée ne la put refuser au duc du Maine, qui faisoit en tout le singe des princes du sang, et aux mêmes conditions. Mais comme il avoit les Suisses et l’artillerie, elles ne purent si bien être exécutées à son égard qu’à celui de M. le Duc, qui n’avoit point de charges militaires. Il voulut donc dans la suite se mêler peu à peu, comme avoit fait le duc du Maine, et cela causa des embarras qui retardèrent les affaires, et qui fatiguèrent souvent M. le duc d’Orléans et ce conseil, et l’obligèrent d’y entrer plus souvent qu’il n’eût voulu. Ces tracasseries mirent plus que du froid entre M. le Duc et le maréchal de Villars, lequel à la fin demeura le maître, et