Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/348

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les épées à la porte de la Bastille, et les ducs à la conserver en entrant dans cette prison et dans toutes les autres où ils vont voir quelqu’un, comme du temps du feu roi il m’est arrivé au For-l’Évêque, sans qu’on y ait songé à me parler de quitter mon épée, ce que je n’aurois pas souffert aussi.

Le régent, qui se plaisoit aux mezzo-termine favorables à sa faiblesse et à son goût politique d’abaissement et de confusion, et de tenir tout brouillé, laissa faire le parlement, et fit seulement écrire une lettre du roi à chaque prince du sang, bâtard, et autre pair pour se trouver au jugement du duc de Richelieu. Les princes du sang furent piqués de ce que cette qualité se trouva également mise à la suscription de leurs lettres et de celles des bâtards. M. le Duc, M. le prince de Conti et le duc du Maine déclarèrent qu’ils n’iraient point au jugement du duc de Richelieu comme étant ses parents trop proches. Ce fut une défaite que le régent leur suggéra pour éviter noise. Les princes du sang s’étoient vantés qu’ils empêcheroient les bâtards de traverser le parquet, et quand ce fut à l’exécution, ils se trouvèrent encore plus contents de cette raison d’en éviter l’occasion, que ne le fut le régent même qui la leur fournit. Le prince de Dombes et le comte de Toulouse s’y trouvèrent avec les autres pairs. Le parlement, ne pouvant pis après tout ce qu’il avoit entrepris et usurpé dans cette affaire, ordonna un plus amplement informer, et garder prison deux mois.

Quand le jour du jugement définitif s’approcha, il fut dit que le roi n’écriroit qu’aux pairs, et point aux princes du sang, ni à MM. du Maine et de Dombes comme exclus par leur parenté. M. de Dombes y avoit pourtant assisté une fois, mais on prit ce milieu pour faire en sorte que le comte de Toulouse se laissât persuader de n’y point aller, et d’avoir cette déférence pour les plaintes amères que M. le Duc avoit faites, et continuoit de porter au régent de ce que