Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des vues plus ambitieuses ni plus vastes, que son extrême timidité de plus d’un genre servoit encore à couvrir. On a vu ailleurs son caractère ; on n’en rappelle ici que ce qui sert à la matière que l’on traite, sans vouloir s’en écarter.

Le duc du Maine s’aperçut donc de bonne heure des épines de sa position entre sa mère et sa gouvernante, que l’enlèvement du cœur du roi rendoit irréconciliables. Il sentit en même temps que sa mère ne lui seroit qu’un poids fort entravant, tandis qu’il pouvoit tout espérer de sa gouvernante. Le sacrifice lui en fut donc bientôt fait. Il entra dans tout avec M. de Meaux pour hâter la retraite de sa mère ; il se fit un mérite auprès de Mme de Maintenon de presser lui-même Mme de Montespan de s’en aller à Paris pour ne plus revenir à la cour ; il se chargea de lui en porter l’ordre du roi, et à la fin l’ordre très positif ; il s’en acquitta sans ménagement ; il la fit obéir, et se dévoua par là Mme de Maintenon sans réserve. Il fut longtemps très mal avec sa mère, qui ne le vouloit point voir, et jamais depuis il n’y fut véritablement bien. Ce fut aussi la moindre de ses peines. Il eut à lui celle qui régnoit, et qui régna toujours, et il l’eut au point d’en disposer toute sa vie, et que toute la sienne elle ne mit point de bornes à son affection pour lui.




CHAPITRE III.


Mécanique, vie particulière et conduite de Mme de Maintenon. — Adresse et conduite de Mme de Maintenon pour gouverner. — Coups de caveçon du roi pour gouverner, qui ne l’empêchent pas de l’être en plein. — Dureté du roi ; excès de contrainte avec lui. — Voyages du roi. — Sa manière d’aller. — Aventure de la duchesse de Chevreuse. — Mme de Maintenon voyage à part, n’en