Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/358

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toujours. Rion lui fit venir de sa province une de ses soeurs, mariée à M. d’Aydie, pour remplir la place de Mme de Brancas la mère, de laquelle j’ai quelquefois fait mention, à qui le feu roi avoit donné une place de dame auprès d’elle, et qui étoit toujours demeurée en Provence, où elle étoit retournée quand elle y fut nommée, et finalement n’en voulut point revenir.




CHAPITRE XVII.


Vie, journées et conduite personnelle de M. le duc d’Orléans. — Le régent impénétrable sur les affaires dans la débauche, même dans l’ivresse. — Ses maîtresses. — Roués de M. le duc d’Orléans. — Énormités ecclésiastiques. — Démêlé des cours de Rome et de Turin sur le tribunal de la monarchie de Sicile. — Naissance de don Carlos, roi des Deux-Siciles. — Prince palatin électeur de Trèves. — Cabale qui, par intérêts particuliers, attache pour toujours le régent à l’Angleterre. — M. le duc d’Orléans n’a jamais désiré la couronne, mais le règne du roi et par lui-même. — Je propose au régent l’indissoluble et perpétuelle union avec l’Espagne, comme le véritable intérêt de l’État, dont la maison d’Autriche et les Anglois sont les ennemis essentiellement naturels. — Stralsund pris. — Le roi de Suède échappé et passé en Suède.


Mme la duchesse de Berry rendoit avec usure à M. son père les rudesses et l’autorité qu’elle éprouvoit de Rion, sans que la faiblesse de ce prince en eut moins d’assiduité, de complaisance, il faut le dire, de soumission et de crainte pour elle. Il étoit désolé du règne public de Rion et du scandale de sa fille, mais il n’osoit en souffler, et si quelquefois quelque scène également forte et ridicule entre l’amant et la princesse avoit percé en public, M. le duc d’Orléans osoit en faire quelque représentation, il étoit traité