Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/69

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Conti, et par capitulation à M. le duc d’Orléans, pour qui le roi eut encore moins de répugnance, non comme neveu, mais comme gendre bâtardement, et quand l’excès de la décadence força enfin le roi de donner l’armée de Flandre au prince de Conti, il n’étoit plus temps, et ce prince, dont toute la vie s’étoit écoulée dans la disgrâce, mourut avec le regret de ne jouir pas d’une destination qu’il avoit tant et si inutilement souhaitée, et qu’il avoit eu la satisfaction de voir également désirée par la cour, par les troupes et par toute la France, desquels tous il étoit les délices et l’espérance.

On a vu en leur lieu les malheurs de M. le duc d’Orléans en Italie et l’éclat contre lui en Espagne de la princesse des Ursins, si cruellement appuyée en France de Mme de Maintenon.

Depuis l’année 1709, les plaies domestiques redoublèrent chaque année, et ne se retirèrent plus de dessus la famille royale. Celle qui causa trop tard la disgrâce du duc de Vendôme fut d’autant plus cruelle qu’elle ouvrit peu les yeux. M. le prince de Conti et M. le Prince furent emportés peu après, à six semaines l’un de l’autre. M. le Duc les suivit dans l’année, c’est-à-dire dans les douze mois, et le plus vieux des princes du sang qui restèrent n’avoit alors au plus que dix-sept ans. Monseigneur mourut ensuite. Mais bientôt après le roi fut attaqué par des coups bien plus sensibles ; son cœur, que lui-même avoit comme ignoré jusqu’alors par la perte de cette charmante Dauphine ; son repos, par celle de l’incomparable Dauphin ; sa tranquillité sur la succession à la couronne, par la mort de l’héritier huit jours après, et par l’âge et le dangereux état de l’unique rejeton de cette précieuse race, qui n’avoit que cinq ans et demi : tous ces coups frappés rapidement, tous avant la paix, presque tous durant les plus terribles périls du royaume.

Mais qui pourroit expliquer les horreurs qui furent l’accompagnement des trois derniers, leurs causes et leurs soupçons si diamétralement opposés, si artificieusement semés