Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/128

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remportoient, et que ces mêmes ministres, dévoués à l’Espagne, l’entraîneroient insensiblement en de tristes affaires.

Il y avoit alors grand nombre de gens, et principalement les étrangers, qui regardoient comme un abîme ouvert sous les pieds du régent les brouilleries que l’affaire des monnaies excitoit entre la cour et le parlement, et ces mêmes gens étoient persuadés que les autres parlements du royaume suivroient incessamment l’exemple de celui de Paris. Stairs, de son côté, paraissoit mécontent de quelque refroidissement qu’il avoit cru remarquer dans la confiance que le régent lui avoit témoignée jusqu’alors. Son Altesse Royale lui avoit communiqué un mémoire qu’elle vouloit envoyer en Angleterre ; comme il y fit quelques remarques, elle eut égard à ses représentations et promit de s’y conformer. Il prétendit qu’elle lui avoit promis de lui faire voir une seconde fois le projet quand il seroit changé. Toutefois les changements faits, elle envoya ce projet en Angleterre, même avec quelques additions, sans le communiquer, et ce ne fut qu’après le départ du courrier que Stairs en reçut la copie. Il s’en plaignit. Le régent lui répondit qu’il avoit apostillé chaque article du mémoire de sa propre main. Stairs, peu satisfoit de la réponse, fit partir sur-le-champ un courrier pour informer son maître de ce qu’il s’étoit passé, et de plus, il obligea Schaub, l’homme de confiance de Stanhope, de passer lui-même en Angleterre pour instruire plus particulièrement les ministres de cette cour de la situation et du véritable état des affaires de France.