Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce fut à cette occasion que le maréchal d’Huxelles, président du conseil établi pour les affaires étrangères, refusa sa signature. Le comte de Cheverny, conseiller du même conseil, qui subsistoit encore, se montra plus facile. L’ambassadeur d’Espagne, persuadé des dispositions du premier, comptoit toujours que les sollicitations de Stanhope seroient infructueuses, et que la cour de France étoit encore éloignée de souscrire à la quadruple alliance. Il voyoit cependant, disoit-il, un nuage épais et noir, qu’il falloit dissiper ; mais se confiant en son éloquence, il se flatta d’éclaircir les ténèbres par un mémoire qu’il fit pour combattre les oppositions d’Angleterre, et la négociation qu’il s’agissoit alors de conclure. On disoit à Paris qu’elle l’avoit été peu de jours auparavant dans un souper que le régent avoit donné à Stanhope au château de Saint-Cloud. Cellamare ne le pouvoit croire, persuadé que Son Altesse Royale attendoit le retour d’un courrier dépêché à Vienne, et que jusqu’à son arrivée les instances de Stanhope n’ébranleroient pas la volonté du régent. Ainsi le moment lui parut propre à communiquer à Son Altesse Royale, ensuite aux maréchaux d’Huxelles et de Villeroy, le mémoire qu’il avoit fait contre les propositions du ministre d’Angleterre. Outre la force des raisons contenues dans ce mémoire, Cellamare espéroit beaucoup des ministres de Moscovie et de Sicile. Le premier s’opposoit ouvertement à la quadruple alliance jusqu’au point d’avoir présenté un mémoire au régent pour la combattre. Le second n’avoit rien oublié pour détourner Son Altesse Royale de s’unir si étroitement avec les Anglois. Il avoit peint le génie et les maximes de la nation avec les couleurs qui convenoient le mieux pour détourner tout François de prendre confiance en elle ; mais la ferveur de Provane se ralentissoit, il ne savoit plus quel langage il devoit tenir, et depuis quelques jours, il paraissoit tout hors de lui, et consterné d’avoir appris de Stairs que la flotte d’Espagne faisoit voile vers la Sicile.

Cellamare n’avoit pu opposer aux assurances certaines de