Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/167

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pas acceptées, les alliés prendroient les mesures convenables pour en procurer l’accomplissement et le rétablissement du repos de l’Italie. » Qu’une telle clause causoit une juste inquiétude aux Provinces-Unies en leur donnant lieu de craindre qu’elles ne fussent liées et forcées d’entrer dans toutes les mesures que l’Angleterre proposeroit dans la suite. Pancras et Buys protestèrent qu’un pareil scrupule venoit moins d’eux que des autres députés, mais qu’il étoit absolument nécessaire de le lever. Les ministres Anglois condescendirent à la proposition des deux magistrats, et pour dissiper l’alarme des Provinces-Unies, ils assurèrent qu’elles ne seroient engagées, en cas de refus, qu’à réunir leurs soins, leurs instances, leurs démarches, avec les alliés, et concerter avec eux les mesures qui seroient jugées les plus convenables ; qu’elles auroient, par conséquent, une entière liberté d’agréer ou de rejeter les mesures qu’on leur proposeroit, aussi bien que de proposer celles qu’ils croiroient plus conformes, soit à l’intérêt de leur État, soit à l’accomplissement du principal objet du traité. Unetelle déclaration, faite verbalement aux députés des affaires secrètes, parut suffisante pour calmer les soupçons d’esprits faibles et difficultueux, et pour engager la province de Hollande à souscrire au traité. Ce pas fait, les Anglois se promettoient que les États généraux se trouveroient trop engagés pour reculer. Ils étoient contents de la franchise et de la bonne volonté de Pancras et de Buys ; ils ne le furent pas moins de celle de Duywenworde, appelé depuis à la consultation de la même affaire. Tous convinrent unanimement qu’il ne suffisoit pas que l’Angleterre seule fît la déclaration proposée ; qu’il étoit nécessaire que la France la fît en même temps par son ambassadeur. Ils crurent que Châteauneuf ne répugneroit pas à la faire telle qu’ils la désiroient, parce qu’il avoit déjà dit aux députés d’Amsterdam l’équivalent de ce qu’on lui demandoit. Mais, s’agissant de faire une déclaration au nom du roi, ils comprirent que le ministre de Sa Majesté avoit