Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/305

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Conclusion de la conversation. — M. le Duc déclare que son attachement au régent dépend de l’éducation. — Je donne chez moi à Fontanieu un nouvel éclaircissement sur la mécanique dont il étoit chargé.


Je me rendis sur les quatre heures au Palais-Royal ; un moment après, La Vrillière y vint, qui me soulagea de la compagnie de Grancey et de Broglio, deux des roués, que j’avois trouvés dans le grand cabinet au frais, familièrement, sans perruques. Nous ne fûmes pas longtemps sans être avertis d’entrer dans la galerie neuve, peinte par Coypel, où nous trouvâmes quantité de cartes et de plans des Pyrénées, qu’Asfeld montroit au régent et au maréchal de Villeroy, M. le duc d’Orléans me reçut avec une ouverture et des caresses qui sentoient le besoin. Un moment après, il me dit bas qu’il avoit fort à m’entretenir avant que nous fussions assemblés, mais qu’il falloit laisser sortir le maréchal c’étoit le premier mot que j’entendois d’assemblée ; je ne savois donc avec qui ; La Vrillière me demanda si j’avois affaire au régent. Je lui dis que oui. Il me répondit qu’il étoit mandé à quatre heures. « Et moi aussi, » répartis-je. Le maréchal me prit après en particulier, avec ses bavarderies et ses protestations accoutumées sur les précautions qu’il venoit de prendre sur la personne du roi, avec une sorte d’éclat plat et malin, et sur les avis anonymes qui lui pleuvoient, et dont M. du Maine et lui étoient peut-être les auteurs. Enfin il s’en alla avec la compagnie. Alors M. le duc d’Orléans se mit à respirer, et me mena dans les cabinets derrière le grand salon sur la rue de Richelieu.

En y entrant, il me prit par le bras, et me dit qu’il étoit à la crise de sa régence, et qu’il s’agissoit de tout pour lui en cette occasion. Je répondis que je ne le voyois que trop ; que le tout ne dépendoit que de lui dans une conjoncture si critique. Nous étions à peine assis que l’abbé Dubois entra, qui lui parla par énigmes sur le parlement. Il me parut qu’il y étoit