jeunesse, et toujours depuis dans sa plus grande confiance. Je ne voulus laisser aucune peur personnelle au comte de Toulouse ni l’exposer à se laisser entraîner par son frère. J’envoyai donc prier Valincourt, que je connoissois fort, de me venir parler. Il vint effrayé, demi-habillé, de la rumeur des rues, et d’abordée me demanda ce que c’étoit que tout cela. Je le pris par la tête, et je lui dis : « Écoutez-moi bien, et ne perdez pas un mot. Allez de ce pas dire de ma part à M. le comte de Toulouse qu’il se fie en ma parole, qu’il soit sage, qu’il va arriver des choses qui pourront lui déplaire par rapport à autrui ; mais qu’il compte avec assurance qu’il n’y perdra pas un cheveu ; je ne veux pas qu’il puisse en avoir un instant d’inquiétude, allez, et ne perdez pas un instant. » Valincourt me serra tant qu’il put. « Ah ! monsieur, me dit-il, nous avions bien prévu qu’à la fin il y auroit un orage. On le mérite bien, mais non pas M. le comte, qui vous doit être éternellement obligé. » Il l’alla avertir sur-le-champ, et le comte de Toulouse, qui sut après que je l’avois sauvé de la chute de son frère, ne l’a jamais oublié.
CHAPITRE XX.