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NOTES.


I. DIFFICULTÉ DES RÉFORMES AU XVIIIe SIÈCLE.


Tome XV, page 245.


Saint-Simon, dans un des plus curieux passages de ses Mémoires, dit que tout bien est impossible en France, et il allègue comme preuve ses vains efforts, lorsqu’il étoit du conseil de régence, pour détruire certains abus financiers. On trouve à peu près la même opinion exprimée dans les Mémoires du marquis d’Argenson. Il venoit de passer par le ministère, et son frère étoit encore ministre, de la guerre, lorsqu’il écrivit la partie de ses Mémoires inédits que je vais citer. Elle est datée de 1751 (29 juin) :

« Tout le monde dit ici [en France], que le roi devroit retrancher la dépense. Le parlement vient de le lui dire assez hardiment. On fait même l’honneur à M. de Machaut de dire que c’est lui qui le suggère au parlement, et qu’au moins il est bien aise que cela soit dit, pour faire rentrer le roi en lui-même. Mais a-t-on bien réfléchi et connu combien la moindre réforme est difficile en France, sur le pied où sont les choses ? Chacun se tient l’un à l’autre. Il faudroit qu’un ministre offensât ce qu’il y a de plus grand à la cour pour toucher aux écuries, aux bâtiments, à la bouche[1], aux extraordinaires de la maison du roi[2], aux dépenses des voyages, aux pensions, aux gouvernements donnés à des gens qui ne méritent rien et qui sont riches, et à toutes ces dépenses qui consomment les finances. On choqueroit, on offenseroit par là grièvement la maîtresse[3], le grand-maître de la maison du roi, le premier maître d’hôtel, le grand écuyer, le premier écuyer,

  1. Ce mot désignait tous les officiers employés pour le service de la table et des cuisines du roi.
  2. C’est-à-dire aux dépenses extraordinaires de la maison du roi.
  3. Mme de Pompadour, qui avait contribué à faire renvoyer du ministère le marquis d’Argenson.