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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/143

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Grand Seigneur sur ses mains élevées, et suivoit l’aide introducteur. Il trouva, comme les autres ambassadeurs extraordinaires, le grand maître et le maître des cérémonies au bas de l’escalier, bordé jusqu’au haut par les Cent-Suisses ; il en trouva d’autres en haie dans leur salle, leur drapeau déployé, et Courtenvaux à l’entrée pour le recevoir, qui faisoit la charge de leur capitaine pour son neveu enfant. Le duc de Noailles, capitaine des gardes en quartier, le reçut à l’entrée de la salle des gardes, en haie et sous les armes. Il traversa le grand appartement jusqu’à la galerie. Elle étoit tendue des plus belles tapisseries de la couronne ; les dames fort parées remplissoient les gradins magnifiquement ornés, et la galerie, couverte de beaux tapis de pied, étoit fort remplie d’hommes. Au fond, elle étoit traversée de trois marches, et au bout de quelque espace, de deux autres sur lesquelles étoit le trône du roi ; à ses côtés étoient, à droite et à gauche, M. le duc d’Orléans et les princes du sang, debout et toujours découverts. Le grand chambellan, le premier gentilhomme de la chambre, le grand maître de la garde-robe et le maréchal de Villeroy, étoient tous quatre derrière le roi ; l’archevêque de Cambrai au bas des deux premières marches ; à droite et plus reculés, les trois autres secrétaires d’État sur le même plain-pied.

Dès que l’ambassadeur put être aperçu du roi, il s’inclina très profondément à l’orientale, sa main droite sur sa poitrine. Alors le roi se leva sans se découvrir, et l’ambassadeur s’avança au pied des trois premières marches, où il fit sa seconde révérence. Il monta ensuite ces trois degrés, ayant à sa droite le prince de Lambesc et le duc de Noailles ensemble de front, à gauche l’introducteur et l’interprète, derrière lui son fils, portant la lettre du Grand Seigneur en la manière qu’on a dit ; l’ambassadeur fit là sa troisième révérence, prit des mains de son fils la lettre du Grand Seigneur, qu’il éleva sur sa tête, puis la remit à l’archevêque de Cambrai, comme secrétaire d’État des affaires étrangères,