Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui, parce qu’il m’a été très utile en Espagne, et pour mes affaires, et pour mille choses de la cour et du gouvernement, en sorte que j’étois demeuré en liaison avec lui.

Mon premier soin, sitôt que ma déclaration me mit en liberté, fut d’écrire au duc de Berwick qui commandoit en Guyenne, et se tenoit pour lors à Montauban, et de voir Amelot et le duc de Saint-Aignan, pour tirer d’eux toutes les lumières et les instructions que je pourrois sur l’Espagne où ils avoient tous trois été longtemps. J’en tirai de solides d’Amelot, et du duc de Saint-Aignan un portrait des gens principaux en crédit, ou par leur état, ou par leur intrigue, très bien écrit, et que j’ai reconnu parfaitement véritable ; du duc de Berwick, quelque chose de semblable, mais fort en raccourci et avec plus de mesure ; mais ce qui me fut infiniment utile, c’est ce qu’il fit de lui-même qui fut de mander au duc de Liria, son fils, établi, comme on l’a vu ici en son temps, en Espagne, de me servir en toutes choses ; il le fit au point de ne dédaigner pas d’aider si bien Sartine sur ce qui regardoit mes équipages, que je dois avouer que, dans un temps si court pour la paresse et la lenteur espagnole, je n’aurois, sans lui, trouvé rien de prêt en arrivant.

Mais en quoi il me servit le plus utilement, ce fut à me faire connoître les personnages, les liaisons, les éloignements, les degrés de crédit et des caractères et mille sortes de choses qui éclairent et conduisent dans l’usage, et conduisent adroitement les pas. Il me valut de plus la familiarité du duc de Veragua, frère de sa femme, qui, bien que jeune, avoit passé par les plus grands emplois, avec grand sens et beaucoup d’esprit, qu’il avoit extrêmement orné et savoit infiniment, tant sur les personnages divers et les intrigues, que sur la naissance, les dignités, et toute espèce de curiosités savantes de cette nature qui m’en ont extrêmement instruit. Il étoit, comme d’avance on l’a vu ici, en traitant des grands d’Espagne (voy. tome III, p. 224 et suiv.), il étoit, dis-je, masculinement et légitimement d’une branche de la