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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/326

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place, et distinguée, en ces audiences de la reine, et de ne la pas céder au majordome-major du roi.

Je crus que Maulevrier et moi devions nous trouver aussi à Notre-Dame d’Atocha, étant si principaux acteurs dans l’affaire qui engageoit Leurs Majestés Catholiques à y aller rendre à Dieu leurs actions de grâces. Maulevrier fut sagement, pour cette fois, fort d’avis de s’informer au marquis de Montalègre, sommelier du corps, comme au plus expert aux cérémonies et aux usages de la cour d’Espagne, pour savoir s’il n’y auroit point d’inconvénient. Montalègre crut qu’il s’y en pourroit rencontrer, et lui conseilla que nous nous abstinssions d’y aller. Sur cet avis je crus, ainsi que Maulevrier, que nous ferions bien de le suivre. Nous vîmes donc la marche du roi y allant, et pour son retour nous allâmes le voir passer dans la place Major illuminée, dans la même maison où j’avois déjà vu cet éclatant et si surprenant spectacle. Je ne sus point la raison de l’avis du marquis de Montalègre. J’imaginai que le roi d’Espagne étant en des tribunes et non dans l’église où étoient les grands, il y auroit de la difficulté à nous placer, qui disparaît quand le roi tient chapelle, où il est dans l’église et où la place des ambassadeurs est établie. J’oublie, ce que j’aurois dû ajouter en sa place, que le majordome-major de la reine se trouve sans difficulté aux audiences publiques du roi d’Espagne, où il prend place parmi les grands, quand il l’est, comme il l’est presque toujours, et sans aucune prétention de distinction.

Le jeudi 27 novembre, jour du départ du roi et de la reine pour Lerma, et lendemain de leurs pompeuses actions de grâces à Notre-Dame d’Atocha, Maulevrier vint chez moi le matin de fort bonne heure avec les dépêches qu’un courrier venoit de lui apporter et leur duplicata pour moi. Le cardinal Dubois avoit calculé sur mes lettres de Bordeaux que je n’arriverois que le 28, à Madrid, et avoit chargé le courrier, qui vint chez moi avec Maulevrier, de me remettre où