Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/441

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Cette terre, qui est en Castille, fut érigée en marquisat et en grandesse d’Espagne, vers 1612, pour Innigo Lopez de Mendoza, et tomba depuis en plusieurs maisons par des filles héritières. Enfin celle de Cordoue et Mendoza l’apporta en mariage à Gaspard Ivannez, comte de Tendilla, d’une naissance pourtant fort commune et peu connue, qui prit le nom de marquis de Mondejar, et fit sa couverture en 1678 ; son fils épousa pourtant une sœur du connétable de Castille, dont le fils étoit le marquis de Mondejar, du temps que j’étois en Espagne, mais fort obscur et retiré.

Montalègre, Guzman. C’est celui que j’ai vu en Espagne. Il portoit autrefois, du vivant de son père, le nom de marquis de Quintana, et étoit majordome de semaine de Charles II, qui le prit en amitié et le fit fort tôt gentilhomme de sa chambre. Sa faveur augmenta, en sorte qu’il fut regardé comme un favori, et fut capitaine des hallebardiers de la garde, enfin grand d’Espagne à la fin de 1697. Il conserva ces deux charges à l’avènement de Philippe V à la couronne d’Espagne, où je le trouvai sommelier du corps, mais sans nul exercice comme je l’expliquerai en son lieu, et comme étoient presque toutes les charges du palais. Il se trouvoit, quand elle vaqua, le plus ancien de tous les gentilshommes de la chambre. Cette raison, sa naissance, sa dignité, un reste de teinte de ce qu’il avoit été auprès de Charles II, l’élevèrent à cette grande charge. C’étoit un bon et très honnête homme, fort paresseux, fort retiré, par dégoût de n’avoir que le titre vain d’une si belle charge, un esprit médiocre, peu à son aise, incapable de se mêler de rien, doux et modeste, toutefois compté et considéré par estime, et aussi par l’habitude de respecter fort les sommeliers, quoique celui-ci n’en eût que la plus légère écorce. Il m’avoit pris assez en amitié. J’aurai lieu de parler de lui encore sur la fin de mon séjour en Espagne. Son fils étoit gentilhomme de la chambre du roi.