Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/493

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

abrogées, mais les réduisant à la date de l’érection de leurs grandesses. Si on veut voir leurs dates et de quels rois, si on veut voir leurs maisons et si les possesseurs actuels sont héritiers de mâle en mâle, ou par des filles héritières, ou eux-mêmes impétrants de ces grandesses, c’est ce qui se trouve exactement et différemment détaillé dans les deux précédents états des grands d’Espagne. On fera suivre la liste qu’on va donner des grands, suivant leur ancienneté connue ou justement présumée, d’une autre liste toute nue, par titres et par ordre alphabétique, des grands dont on n’a pu connoître ni présumer les dates d’érection, non plus que de la plupart de ceux-là aucune autre chose, desquels le grand nombre est d’Italiens jamais sortis d’Italie.

Si, au lieu de cent douze grands d’Espagne, il s’en trouve cent treize dans ces deux listes jointes ensemble, c’est que le marquis de Mancera avoit été oublié. Je l’ai dans la liste des marquis grands d’Espagne de la main du duc de Veragua. J’avouerai de plus que j’ai oublié quel il est. Le duc de Veragua a écrit Portocarrero à côté de son nom, mais je n’en suis pas plus avancé, parce que c’est peut-être le nom de l’héritière qui a apporté cette grandesse. Le marquis de Mancera, qui s’appeloit Antoine-Sébastien de Tolède, deuxième marquis de Mancera, fut fait grand d’Espagne en mai 1692, par Charles II. Il fut ambassadeur à Venise et en Allemagne, vice-roi de la Nouvelle-Espagne, majordome-major de la reine mère de Charles Il, enfin conseiller d’État. C’est lui dont il [a] été parlé plus d’une fois par la fidélité et l’attachement qu’il signala pour Philippe V d’une façon si éclatante, et dont la singularité de ne manger jamais de pain, ni rien qui en tint lieu, a été aussi expliquée. Il mourut en 1711, à l’âge de cent sept ans, ayant jusqu’alors conservé sa tête entière et toute sa santé. Charles II l’avoit fait grand seulement à vie, Philippe V le fit pour toujours, et je n’en sais pas la date. Il ne pouvoit moins faire pour lui. Il ne laissa qu’une fille, peut-être grand’mère lorsqu’il mourut. J’ai donc ignoré