Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 20.djvu/39

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parlé ici. Il étoit frère de Mme la Dauphine, de Bavière. Son neveu, fils de l’électeur de Bavière, évêque de Munster et de Paderborn lui succéda à Liège et à Cologne, dont il étoit coadjuteur.

La maréchale de Chamilly mourut à Paris à soixante-sept ans, le 18 novembre. C’étoit une femme d’esprit, de grand sens, de grande piété, de vertu constante, extrêmement aimable, et faite pour le grand monde et pour la représentation, qui avoit eu la plus grande part à la fortune de son mari dont elle n’eut point d’enfants. Elle étoit fort de nos amies, et nous la regrettâmes fort. Elle en avoit beaucoup, et avoit toujours conservé beaucoup d’estime et de considération. Elle s’appeloit du Bouchet, étoit riche héritière et de naissance fort commune. Le grand prévôt perdit aussi sa femme qu’il n’avoit pas rendue heureuse, et qui méritoit un meilleur sort.


CHAPITRE III.


Mort du duc de Lauzun ; sa maison ; sa famille. — Raisons de m’étendre sur lui. — Son caractère. — Sa rapide fortune. — Il manque l’artillerie par sa faute. — Son inconcevable hardiesse pour voir clair à son affaire. — Il insulte Mme de Montespan, puis le roi même. — Belle action du roi. — Lauzun, conduit à la Bastille, en sort peu de jours après avec la charge de capitaine des gardes de corps, qu’avoit le duc de Gesvres, qui est premier gentilhomme de la chambre en la place du comte du Lude, fait grand maître de l’artillerie à la place du duc Mazarin. — Aventures de Lauzun avec Mademoiselle, dont il manque follement le mariage public. — Il fait un cruel tour à Mme de Monaco, et un plus hardi au roi et à elle. — Patente de général d’armée au comte de Lauzun, qui commande un fort gros corps de troupes en Flandre à la suite du roi. — Le comte de Lauzun conduit à Pignerol. — Sa charge donnée à