Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/182

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  • feux qui excitoient à la révolte contre les décrets

du pape et contre les ordres du roi, c’est-à-dire contre tous les pouvoirs de la société[1] ; et l’on supposa de même à tous ceux qui prirent parti contre le cardinal de Noailles les plus vils motifs de vengeance et d’intérêt personnel. Aujour-*

par l’Église, y sont soutenues et défendues…. Certifions de plus que la médisance et l’insolence sont si naturelles à ces deux auteurs, qu’à la réserve des jansénistes, ils n’épargnent qui que ce soit, ni le pape, ni les évêques, ni le roi, ni ses principaux ministres, ni la sacrée faculté de Paris, ni les ordres religieux ; et qu’ainsi ce livre est digne des peines, que les lois décernent contre les libellés diffamatoires et hérétiques. Fait à Paris, le 4 septembre 1660. Signé : Henri de Rennes, Hardouin de Rhodez, François d’Amiens, Charles de Soissons, etc. »

Sur cet avis des commissaires, ce livre fut condamné au feu par arrêt du conseil d’état.

1 Le foyer du jansénisme étoit à quelques lieues de Paris, dans une maison attenante à l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, et dans laquelle s’étoient retirés Arnauld, Saint-Cyran, et les autres chefs du parti. Ils y élevoient des jeunes gens, et leurs disciples se répandoient ensuite dans le monde où ils propageoient leurs doctrines. Ils gouvernoient en même temps les religieuses de ce monastère et celles de Port-Royal-de-Paris ; et ces filles, très régulières d’ailleurs, étoient jansénistes sans trop savoir pourquoi, mais, suivant l’esprit de la secte, très obstinées dans leurs opinions, et fortement persuadées que cette révolte de leur esprit étoit une véritable force d’aine[** ? ] et un amour ardent de la vérité, qui les rendoit fort agréables à Dieu. Lors de la signature du formulaire, elles avoient d’abord refusé de signer, donnant pour raison les motifs qui leur étoient dictés par leurs directeurs. La cour s’irrita de cet entêtement ; et, sur un ordre du roi, le lieutenant civil alla à Port-Royal-des-Champs, et en fit sortir tous les prétendus solitaires qui s’y étoient retirés, et tous les jeunes gens qu’ils y éle-*