Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

  • troient la conquête de la Franche-Comté comme

plus facile encore que celle de la Flandre ; sur ce qu’ils lui en disoient, il comprit fort bien que ce n’étoit que par de nouveaux succès, plus décisifs encore que ceux qu’il avoit obtenus, qu’il pouvoit déjouer la ligue des trois puissances conjurées contre lui, et s’il étoit dans la nécessité de faire la paix, de ne la faire du moins que comme il convenoit à un vainqueur. On sait que la Franche-Comté fut conquise en moins d’un mois[1]. Cependant un congrès s’étoit ouvert à Aix-la-Chapelle, pour y traiter de la paix entre la France et l’Espagne. Le pape, qui la désiroit vivement, qui depuis long-temps la sollicitoit de toutes ses forces, en étoit en apparence le médiateur ; mais les véritables arbitres de cette paix étoient ces mêmes Hollandois, qui, peu de mois auparavant, avoient imploré à genoux l’assistance du grand roi ; et ce fut un affront qu’il lui fallut dévorer, au milieu de triomphes qui

raisons de bienséance, à employer, dans cette expédition, le prince de Condé, alors gouverneur de la Bourgogne, province voisine de celle qu’il s’agissoit d’envahir, et à qui, depuis sa rentrée en France, le jeune monarque n’avoit encore accordé aucune marque de confiance. Quant à Condé, il désiroit sa part de ces lauriers que Turenne depuis long-temps moissonnoit à lui seul, et ce sentiment jaloux n’avoit rien qui fût indigne de son noble caractère.

1 Besançon se rendit dans deux jours ; Dôle, après quatre jouis de siége ; le reste fit encore moins de résistance.