qui avoit été le plus ardent à lui donner ces conseils
vigoureux qu’il venoit de rejeter, de son
partisan qu’il étoit se déclara hautement son
ennemi. Cet homme, d’un esprit vaste et du plus
audacieux caractère, indifférent à toutes doctrines
religieuses[1], et dont toute la foi politique
étoit qu’il falloit avant tout que le pouvoir
fût fort, abandonna brusquement un monarque
qui sembloit ne pas même comprendre la position
dans laquelle il se trouvoit ; et jugeant fort
bien qu’après s’être mis, par cette concession
déplorable, dans l’impuissance de défendre ses
ministres contre son parlement, Charles se verroit
bientôt dans la nécessité de les lui sacrifier,
il se plaça lui-même, avec une hardiesse sans
exemple, à la tête de la faction qui étoit le plus
opposée à ce foible prince, et lui montra bientôt
le peu qu’étoit, dans un tel gouvernement, un roi
qui, les partis étant en présence, se montroit assez
insensé pour s’isoler de tous les partis ; ce qu’il fit
en découvrant lui-même impudemment au sein de
cette assemblée les véritables motifs qui avoient
porté Charles à faire la guerre aux Hollandois et à
se liguer avec la France. Il ne lui suffit pas de lui
avoir, par cette indigne trahison, attiré la haine
1 Il se montroit favorable aux catholiques, parce qu’il lui étoit démontré qu’on pouvoit compter sur leur fidélité pour rétablir le pouvoir monarchique dans toute sa plénitude.