Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/153

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se manifestèrent en sa chair lorsque, pendant les deux dernières années de sa vie, il porta en son corps, les stigmates sacrés de la Passion.

Ces six ailes du séraphin sont donc six degrés successifs d’illumination, qui partent de la créature pont nous conduire jusqu’à Dieu, à qui l’on ne saurait arriver que par Jésus crucifié. Car celui qui n’entre pas par la porte en la bergerie, mais y pénètre d’ailleurs, est un voleur et un larron ; mais celui qui s’introduira par la porte, entrera et sortira, et prouvera, des raturages en abondance[1]. C’est pour cela que saint Jean nous dit dans l’Apocalypse : Bienheureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, afin d’avoir droit a l’arbre de vie et d’entrer dans la ville sainte par les portes[2]. Et par ces paroles, que semble-t-il indiquer autre chose, sinon qu’on ne peut arriver par la contemplation à la céleste Jérusalem à moins d’y entrer par le sang de l’Agneau, qui en est comme la porte ?

Au reste, on ne saurait être en aucune façon apte à ces saintes contemplations qui conduisent l’âme jusqu’aux, ravissements, si l’on n’est, avec Daniel, un homme de désirs[3]. Or, ces désirs s’enflamment en nous de deux manières : d’abord par les cris de la prière, qui nous fait pousser en notre cœur les gémissements les plus profonds ; et ensuite par l’éclat lumineux qui, dans la contemplation elle-même, pénètre notre âme lorsqu’elle s’est tournée directement et avec une vive attention vers le rayon de la

  1. Joan., 10.
  2. Apoc., 12.
  3. Dan., 9.