Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/178

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en vous aidant du regard de la raison et non de la chair, que cette âme possède une triple puissance. Considérez donc les actes et les habitudes de ces puissances, et alors vous pourrez contempler Dieu en vous comme en son image, ce qui s’appelle le voir en un miroir et en énigme.

L’action de la mémoire consiste à retenir et à représenter non-seulement les choses présentes, corporelles et temporelles, mais encore les choses successives, simples et éternelles. Or, cette faculté retient les choses passées par le souvenir, les choses présentes en les recevant en elle-même, et les choses futures en les prévoyant. Elle retient les choses simples, comme principe des quantités continues et distinctes, tels sont le point, l’instant, l’unité, car sans cela il serait impossible de se rappeler ou de se figurer les choses auxquelles ils donnent naissance. Elle retient en tout temps et comme immuables les principes et les axiômes des sciences, car jamais elle ne peut les oublier de telle sorte, en se servant de sa raison, qu’elle ne les approuve et ne leur donne son assentiment aussitôt qu’ils lui sont proposés, et non pas comme à quelque chose de nouveau, mais comme à quelque chose d’inné et de familier. On peut s’en convaincre en proposant à quelqu’un une affirmation ou une négation sur un sujet, par exemple, sur ce principe : Le tout est plus grand que sa partie, ou sur tout autre principe que la raison admet sans pouvoir y contredire. En retenant donc ainsi l’idée des choses temporelles passées, présentes et futures, la mémoire