Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/182

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que notre intelligence est unie à l’éternelle vérité, puisque ce n’est qu’à sa lumière que nous pouvons embrasser la vérité avec certitude. Vous pouvez donc contempler par vous-même cette vérité qui vous instruit, si la concupiscence ou les vaines imaginations n’y mettent obstacle, et si elles ne viennent se placer entre elle et vous comme un nuage qui vous empêche d’en réfléchir les rayons.

L’action de notre volonté se manifeste par la délibération, le jugement et le désir. La délibération consiste à chercher ce qu’il y a de mieux entre une chose ou une autre. Mais le mieux ne peut être appelé ainsi que selon qu’il se rapproche davantage de ce qui est bon par excellence, et ce rapprochement est plus ou moins grand selon la ressemblance plus ou moins parfaite. Personne donc ne peut dire que telle chose est meilleure que telle autre, s’il ne connaît d’abord son degré de ressemblance avec le bien suprême ; et nul ne sait si telle chose ressemble à telle autre s’il ne connaît cette dernière elle-même. Ainsi, pour avancer que tel est semblable à Pierre, je dois commencer par connaître Pierre. Celui donc qui délibère a nécessairement imprimée en lui la connaissance du bien suprême.

Maintenant, pour porter un jugement certain de ces mêmes choses, il faut une loi. Or, cette loi ne peut produire la certitude qu’autant qu’on est assuré de sa rectitude et qu’elle est au-dessus de nos jugements. Mais notre âme se juge elle-même ; comme donc elle ne peut juger la loi qui sert de règle à ses