Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/189

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par la surabondance de sa dévotion, l’âme devient comme la colonne de fumée qui s’élève formée d’aromates, de myrrhe et d’encens. Ensuite, la grandeur de son admiration la rend semblable à l’aurore, à la lune et au soleil, selon que les lumières dont elle est éclairée l’élèvent et la tiennent suspendue dans l’admiration de son Epoux bien-aimé. Enfin, par l’excès de sa joie elle se trouve plongée dans les délices les plus suaves et elle s’appuie entièrement sur son Bien-Aimé.

Alors notre esprit devient hiérarchique dans ses degrés d’élévation, et conforme à cette Jérusalem céleste où nul ne peut entrer, à moins que par la grâce elle ne descende d’abord elle-même en notre cœur, comme saint Jean dans son Apocalypse la vit descendre. Or, elle vient ainsi en nous lorsque par la réforme de notre image intérieure, par les vertus théologales, par la joie de nos sens spirituels, par le transport des ravissements, notre esprit est vraiment devenu hiérarchique, c’est-à-dire lorsqu’il est purifié, illuminé et rendu parfait. Ainsi il représente les neuf degrés des ordres célestes lorsqu’on trouve en lui successivement l’annonce des vérités, leur enseignement, leur direction, le bon ordre, l’affermissement, l’empire sur soi-même, le ravissement, la révélation et l’union, car tous ces degrés correspondent aux neuf ordres des anges. Les trois premiers se rapportent à la nature de l’âme ; les trois qui viennent ensuite, à ses exercices spirituels, et les trois derniers à la grâce. Quand l’âme, enrichie de ces dons, rentre