Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/195

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« Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul[1]. » Ainsi saint Jean de Damas, suivant Moïse, dit : Celui qui est est le premier nom de Dieu ; et saint Denis, s’attachant à Jésus-Christ, dit : Bon est le premier nom de Dieu[2].

Que celui donc qui désire contempler ce qui est invisible en Dieu, quant à son unité, fixe ses regards sur son être lui-même, et qu’il reconnaisse que cet être est une qualité si certaine en Dieu qu’on ne saurait le concevoir sans elle ; car l’être absolu ne peut se montrer sans exclure entièrement le néant, comme le néant est entièrement l’opposé de l’être. De même donc que le néant parfait n’a rien de l’être ni de ses qualités, de même l’être n’a rien du non-être, ni dans ses actes, ni dans sa puissance, ni en réalité, ni dans notre appréciation. Le néant étant la privation de l’existence, ne peut même être compris que par l’être, tandis que l’être, pour être conçu, n’a pas besoin d’un secours étranger, car tout ce qui est connu par notre intelligence l’est ou comme n’étant pas, ou comme possible, ou comme réel. Si donc le non-être ne peut être conçu que par l’être, et l’être possible que par l’être réel et actuel ; si le nom d’être exprime l’acte simple de l’existence, il s’ensuit que l’être est la première idée qui tombe en notre intelligence, et que cet être est celui qui a l’existence pure et actuelle. Mais cet être n’est point un être particulier, car l’être particulier est renfermé en des limites et se trouve lié à l’être possible ; ce n’est point non plus un être en

  1. Marc., 10. —
  2. Dam., lib. de fid. orth., c. 12 ; — Dion., de div. nom., c. 4.