Page:Saint Nil - Traité de la Prière, trad. Joliet, 1925.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
traité de la prière

54. Qui aime Dieu converse toujours avec lui comme avec son Père, dans le dégagement de toute notion sensible.

55. Il ne suffit pas d’être dégagé du sensible pour aussitôt prier en vérité ; car on peut s’attacher à des notions abstraites, et se distraire à leurs développements en demeurant loin de Dieu.

56. Quand l’esprit ne s’attarde plus aux notions abstraites des choses, il n’a pas pour autant atteint le domaine de la contemplation. Car il peut s’occuper de la théorie des choses et de leurs raisons d’être. Or ces discours, par le fait qu’ils sont des représentations des choses, impressionnent l’esprit et l’écartent loin de Dieu.

57. Si même l’esprit a dépassé la théorie des choses matérielles, il ne voit pas encore le domaine parfait de Dieu ; car il peut demeurer dans la connaissance des intelligibles et s’y disperser.

58. Si tu veux faire oraison, c’est Dieu qui donne l’oraison à qui l’en prie. Invoque-le donc en lui disant : Que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive ! c’est-à-dire le Saint-Esprit[1] et votre Fils unique. Car tel est son enseignement, d’adorer Dieu, c’est-à-dire le Père en Esprit et en Vérité ; et ces trois sont un seul Dieu.

59. Celui qui prie en Esprit et en Vérité ne tire plus des créatures les louanges qu’il donne au Créateur, mais c’est de Dieu même qu’il loue Dieu.

  1. Il semble bien que Nil vise la curieuse leçon qui dans le Pater de Luc substitue la demande du Saint-Esprit à celle du règne.