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Page:Sainte-Beuve - Causeries du Lundi, tome 8.djvu/71

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CAUSERIES DU LUNDI.

sur ses disciples Racan et Maynard, dont les beaux vers lui reviennent à bon droit, car ils ne se seraient pas faits sans lui. Il y eut ]à, tout au sortir de l’enseignement de Malherbe, dans notre poésie française lyrique, une veine trop peu abondante, trop tôt distraite et interrompue, mais très-pure, très-française, neuve, élevée et douce il en est resté quatre ou cinq odes au plus, mais dignes d’Horace, qu’on y retrouve imité sans servilité et avec génie, et bien faites surtout pour enchanter et inspirer, comme cela a dû être, la jeunesse de La Fontaine. Combien il y a peu, dans notre ancienne poésie lyrique, de ces pièces de vers qu’on puisse relire ainsi à chaque printemps 1 Les nombreuses anecdotes que chacun sait par cœur sur Malherbe, et dont plus d’une fait sourire, ne doivent point détourner un moment la critique du trait original et significatif,qui est à respecter en lui il eut le ca-’ractère et l’autorité, ce qui fait le chef de secte et le chef d’école. Né à Caen en 1535 d’un père magistrat, d’une famille plus noble que riche, l’aîné de neuf enfants; ayant fait d’ailleurs des études assez variées et de gentilhomme sous la conduite d’un précepteur, tantôt à Caen, tantôt à Paris, et pendant deux ans aux universités d’Allemagne, il quitta tout à fait la maison paternelle à vingt et un ans pour s’attacher au service du duc d’Angoulême, fils naturel de Henri Il, et grand-prieur de France. Il fut auprès de lui, en qualité de premier secrétaire, à Aix où ce prince faisait fonction de gouverneur. Il s’y donnait un peu glorieusement pour fils d’un conseiller au Parlement de Normandie, tandis que son père n’était que conseiller au présidial « petit

    ticle Bertaut (même volume, page 366); j’y discute un point essentiel qui avait été contesté. Enfin j’ai depuis reparlé de Malherbe plus à fond encore, et j’ai repris tout ce sujet avec un entier développement dans un article de la Revue Européenne du 15 mars 1859.