Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, I, 3e éd, 1857.djvu/289

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lectures nécessairement très-variées et disparates, on ne parvient à former qu’une suite d’accidents, d’anecdotes littéraires, sans rapport et sans lien. Pour reprendre ma comparaison, ce qui manque à tous ces cadres, c’est un fond solide et continu auquel ils viennent s’attacher. Aussi, comme auxiliaire et complément indispensable de ces Lectures publiques, pour qu’elles atteignent tout leur résultat et produisent tout leur fruit, il semblerait nécessaire d’établir deux petits Cours parallèles, que j’indiquerai en deux mots.

1° Un Cours d’histoire générale et nationale. Dans un tel Cours, l’histoire universelle, comme on peut penser, serait traitée d’une façon très-sommaire, très-rapide : l’histoire de France seule devrait être développée. J’en demande bien pardon, je désire ici tout simplement qu’on fasse désormais pour tout le monde ce que Bossuet, en son temps, faisait pour M. le Dauphin dans cet admirable Discours qui, par malheur, s’arrête à Charlemagne, là où le développement moderne allait commencer. M. le Dauphin, alors, était l’héritier présomptif de la monarchie. Aujourd’hui c’est tout le monde qui est M. le Dauphin, et à qui appartient, bon gré mal gré, l’avenir ; c’est donc tout le monde qu’il faut se hâter d’élever.

2° Il conviendrait, indépendamment du Cours d’histoire proprement dit, d’établir un Cours très-simple, très-clair, de littérature générale moderne et de littérature française en particulier, celle-ci, comme dans le cas précédent, ayant droit au principal développement. On expliquerait rapidement ainsi comment la langue s’est formée, comment elle compte déjà plusieurs siècles de chefs-d’œuvre. On passerait en revue tous les grands noms d’écrivains dans leur succession et leur génération naturelle. À l’occasion de chacun de ces écrivains célè-