en pratique, elle l’a mené au droit divin et à la politique sacrée. Chez les historiens modernes, qui se sont élevés à des considérations générales et toutes raisonnées, la Providence intervient seulement par endroits et, si l’on peut dire, dans les grands moments. Plus cette intervention, sous leur plume, est discrète et rare, plus elle atteste de véritable respect. Car, dans bien des cas, lorsqu’on la prodigue, elle peut sembler un instrument du discours, un effet oratoire et social, bien plutôt encore qu’une élévation intime et toute sincère. Ce n’est point le cas pour M. Guizot. Il a gardé de ses origines le sentiment religieux, le tour d’esprit et comme le geste habituel vers la Providence. Pour un homme toutefois qui en a, à ce degré, le respect et la religion, il se sert trop fréquemment selon moi, trop familièrement, de cette intervention mystérieuse :
« On a attribué, dit-il, la chute de Clarendon aux défauts de son caractère, et à quelques fautes ou à quelques échecs de sa politique, au dedans et au dehors. C’est méconnaitre la grandeur des causes qui décident du sort des hommes éminents. La Providence, qui leur impose une tâche si rude, ne les traite pas avec tant de rigueur qu’elle ne leur passe point de faiblesses, et qu’elle les renverse légèrement, pour quelques torts ou quelques échecs particuliers. D’autres grands ministres, Richelieu, Mazarin, Walpole, ont eu des défauts, et commis des fautes, et essuyé des échecs aussi graves que ceux de Clarendon. Mais ils comprenaient leur temps ; les vues et les efforts de leur politique étaient en harmonie avec ses besoins, avec l’état et le mouvement général des esprits. Clarendon se trompa sur son époque ; il méconnut le sens des grands événements auxquels il avait assisté… »
Ainsi, vous paraissez croire que la Providence s’y prend avec plus de façons quand il s’agit de ces hommes éminents qu’on appelle Mazarin ou Walpole, que quand il s’agit des simples honnêtes gens privés ! Vous laissez à ceux-ci les petites causes et les chétifs accidents qui