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Lundi 20 mai 1850.

LETTRES
DE
MADEMOISELLE  DE  LESPINASSE.
(1 vol. in-8o)

En parlant une fois avec intérêt de Mme  Du Deffand, je ne me suis pas interdit pour cela de m’occuper une autre fois de Mlle  de Lespinasse. Le critique ne doit point avoir de partialité et n’est d’aucune coterie. Il n’épouse les gens que pour un temps, et ne fait que traverser les groupes divers sans s’y enchaîner jamais. Il passe résolument d’un camp à l’autre ; et de ce qu’il a rendu justice d’un côté, ce ne lui est jamais une raison de la refuser à ce qui est vis-à-vis. Ainsi, tour à tour, il est à Rome ou à Carthage, tantôt pour Argos et tantôt pour Ilion. Mlle  de Lespinasse, à un certain moment, s’est brouillée à mort avec Mme  Du Deffand, après avoir vécu dix années dans l’intimité avec elle. Les amis furent forcés alors d’opter entre l’une ou l’autre de ces rivales déclarées, et il n’y eut moyen pour aucun de continuer de se maintenir auprès de toutes les deux. Pour nous, nous n’avons pas à opter : nous avons paru rester très-attaché et très-fidèle à Mme  Du Deffand, nous n’en serons pas moins très-attentif aujourd’hui à Mlle  Lespinasse.

Les titres de Mlle  de Lespinasse à l’attention de la pos-